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›› Editorial

L’ombre d’une « guerre froide »

Voilà déjà plusieurs années que les « grandes puissances » de ce monde infligent à l’illusion de la « mondialisation heureuse » de constants et cinglants démentis. En Europe, l’affaire ukrainienne et la réappropriation de la Crimée par la Russie de Vladimir Poutine qui réagissait à l’élargissement vers l’Est de l’OTAN après la chute du « mur », plongèrent dans une profonde perplexité l’Occident tétanisé par le retour d’une stratégie de la force et du fait accompli.

Simultanément en Asie, la Chine, en quête de ressources, fait passer sa revendication de souveraineté en mer de Chine du sud du statut de réclamation latente « à bas bruit » qui était déjà celle de Tchang Kai-chek en 1947, à celui très inflammable de ses « irréductibles intérêts vitaux ».

La même intransigeance souveraine chinoise datant de 1949, ignore les chocs démocratiques survenus à Taïwan en 1988 à la mort de Jiang Jingguo, le fils de Tchang Kai-chek et plus encore ceux de 2000 et 2016, quand les élections libres portèrent au pouvoir la mouvance de rupture indépendantiste.

A Hong-Kong, le Parti Communiste chinois pris de court, à la fois perplexe et inflexible, observe depuis six mois une révolte qui, sans faiblir, conteste son emprise sur l’ancienne colonie britannique. En même temps, comme à Taïwan, les rassemblements – provisoirement moins violents [1] - portent aujourd’hui la controverse à hauteur des principes de liberté et de droit.

Le 7 décembre, une vaste foule de Hongkongais vêtus de noir évaluée à 800 000 par les organisateurs et à 183 000 par la police, rassemblés à l’appel du « Front civil des droits de l’homme » 民間 人權 陳 線, chantait son combat pour « Hong Kong et pour la liberté ».

A nouveau les défilés qui marchèrent du Parc Victoria vers « Central » avaient mobilisé, non seulement les étudiants, mais également des membres moins jeunes de la société civile. Après le scrutin local du 24 novembre ayant balayé la mouvance pro-Pékin de la R.A.S, ce consensus de générations bat en brèche le discours politique de Pékin et de Carrie Lam qu’à Hong Kong une « majorité silencieuse » serait opposée aux revendications pour les droits.

Exemple que la fracture de générations existe peut-être moins que ne le croient le PCC et la Gouverneure de HK, le 9 décembre une dame de 40 ans disait à un journaliste du HKFP « Je me battrai pour la liberté jusqu’à la mort, car je suis une hongkongaise ».

Autre indication que la revendication pour les droits s’est dilatée au-delà de la jeunesse, parmi la dizaine de personnes arrêtées détenant des feux d’artifice, des couteaux, des munitions et même un pistolet semi-automatique (une première), certains avaient plus de 60 ans.

A la mi-mars, ajoutant au sentiment d’une faille s’aggravant entre des idéologies hostiles retranchées dans des camps opposés, Bruxelles dénonçait la « menace systémique » posée par la Chine.

Enfin, 8 mois plus tard, le 27 novembre, provoquant la fureur de Pékin, D. Trump, sous pression du Congrès presque unanime, signait le « Hong Kong Human Rights and Democracy Act ».

Ayant une légitimité juridique fédérale, le décret, en suspens depuis le mouvement « Occupy Central » de 2014, mais jusque là rejeté par le Congrès, impose désormais à la Maison Blanche d’infliger des sanctions aux responsables chinois et hongkongais coupables de « violations de droits » à Hong Kong.

La disposition exige aussi de l’exécutif américain qu’il vérifie chaque année si l’évolution du statut de la R.A.S devrait ou non conduire à modifier les privilèges commerciaux accordés par les États-Unis à la R.A.S. Après l’accusation « de grave ingérence dans les affaires intérieures de la Chine », la riposte de Pékin fut, à tout prendre, assez mesurée.

Interdisant une nouvelle fois les escales militaires américaines – mesure récurrente à chaque regain de tensions bilatérales -, Pékin a aussi accusé plusieurs ONG des droits financées par Washington (National Endowment for Democracy, the National Democratic Institute for International Affairs, the International Republican Institute, Human Rights Watch, et Freedom House.) d’avoir attisé les révoltes à Hong Kong et d’être responsables du chaos.

Le 28 novembre, lors de sa conférence de presse quotidienne, le Waijiaobu a, par la voix de Hua Chunying une nouvelle fois exhorté Washington à « corriger ses erreurs, et cesser d’interférer dans les affaires intérieures de la Chine. »

Ce n’est pas fini. Voilà que même la vieille alliance militaire occidentale qui se cherche à la fois un nouvel ennemi à sa mesure et un mode action mieux adapté aux menaces multiples et protéiformes, vient, pour la première fois de son histoire, il est vrai avec prudence, de tourner ses regards vers la Chine.

Note(s) :

[1Nous disons « provisoirement » car selon la presse libre de Hong Kong (HKFP), le 9 décembre, la police, alertée par le concierge de l’établissement, aurait désamorcé 2 engins artisanaux contenant chacun 10 kg d’explosifs dissimulés dans l’enceinte d’un lycée de Wan Chai. Selon la police, les explosions auraient pu causer des dommages dans un rayon de 50 à 100 m.


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Par Lonylp Le 15/12/2019 à 17h41

La fédération des inteligences de soi et des autres

L’état de la planète Chine nécessite pour l’Europe de devenir sérieuse, solide, solidaire. Théorie des trois S.

Une incarnation symbolique pour les peuples d’Europe devrait passer par une Confédération politique, Un Empire démocratique avec famille royale et impériale soumise à un premier ministre élu pour dix ans non renouvelable, enfin une armée européenne sans les USA -mort de l’Otan- doté d’un armement haut de gamme.

A partir de là montrer l’exemple d’un gouvernement pacifique avec pour objectif de sauver l’espèce humaine de la déflagration climatique.
Un vrai programme politique pour un nouveau millénaire.

Amicalement.
Lonylp.

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